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Actualité
1 août 2024

Le Clos des plantes mellifères

Nouveau potager pédagogique inauguré à Thiré à l'occasion de la 13 édition du Festival Dans les Jardins de William Christie, le Clos des plantes mellifères 2024 est une exposition éphémère de 100 plantes mellifères soigneusement choisies pour attirer 100 espèces différentes d'abeilles. Un espace où la danse envoûtante de la pollinisation orchestrée par les abeilles et les fleurs viendra célébrer l'étroite relation qui les unit. 

C’est quoi une abeille ? 

Les abeilles forment un groupe d'insectes qui appartient aux hyménoptères. Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète dont environ 2 000 en Europe et près de 1 000 en France métropolitaine. Le mots abeille regroupe de nombreux insectes comme le bourdon mais fait une différence avec les guêpes qui possèdent un abdomen séparé du thorax d'où l'expression « avoir une taille de guêpe ».

 

Une vibrante relation sauvage et domestique 

Imaginez-vous un peu comme des éleveurs d’oiseaux domestiques, de poules par exemple, mais avec des abeilles ! C’est finalement un peu ça être apiculteur, soigner du mieux possible ces petites bêtes qui sont nos précieux partenaires fournisseurs de miel. Tandis que les abeilles sauvages, elles, sont plutôt comme nos oiseaux sauvages : libres, non domestiquées, et pour la plupart, sans miel à offrir. Pourtant, leur rôle dans notre écosystème est tout aussi crucial. Elles œuvrent silencieusement à polliniser nos cultures et la nature, contribuant ainsi à la biodiversité et à la survie de nombreuses espèces végétales. 

 

L’inégale vie des abeilles 

Pour les abeilles domestiques (Apis mellifera), les ouvrières qui constituent la majorité de la population vivent généralement entre quelques semaines et quelques mois, en fonction de la saison et de l'activité de la colonie. Les abeilles d'hiver peuvent vivre plusieurs mois, tandis que celles qui naissent au printemps ou en été ont souvent une vie plus courte. Les mâles, ou faux-bourdons, ont une vie plus courte que les ouvrières, généralement quelques semaines à quelques mois. Leur rôle principal est de féconder la reine lors de son vol nuptial. Quant aux reines, elles sont les abeilles qui ont la plus grande longévité de la colonie. Une reine en bonne santé peut vivre plusieurs années, parfois jusqu'à cinq ans, bien que la plupart soient remplacées par les abeilles de la colonie bien avant ce délai, souvent dans les deux à trois ans. Pour les abeilles sauvages, l'espérance de vie peut également varier en fonction de l'espèce. Certaines abeilles solitaires vivent seulement quelques semaines, tandis que d'autres peuvent vivre plusieurs mois, voire une année entière. Au fil des saisons, les abeilles, qu'elles soient sauvages ou domestiques, adaptent leur alimentation avec ingéniosité pour répondre à leurs besoins changeants. 

 

Piqué au vif ! 

Le déclin des pollinisateurs, en particulier des abeilles, est une réalité alarmante. Les pesticides et les néonicotinoïdes ont joué un rôle destructeur, faisant chuter les populations de ces précieux pollinisateurs de 50 à 70 % en seulement 40 ans. En Europe, 84 % des plantes à fleurs dépendent des pollinisateurs pour leur reproduction. C'est là que nos jardiniers entrent en jeu. Les zones naturelles sont des havres de paix pour les pollinisateurs (1 million d’hectare en France), mais nos jardins privés représentent une superficie quatre fois plus grande que toutes les réserves naturelles réunies en France (soit 4 millions d’hectares). C'est pourquoi il est crucial de rendre nos jardins accueillants pour les pollinisateurs en plantant des fleurs mellifères choisies avec soins. On attribue à Einstein la citation selon laquelle nous aurions seulement quatre ans à vivre si les abeilles disparaissaient. Bien que ce ne soit pas tout à fait littéral, le résultat serait tout de même désastreux à moyen terme. 

Des curiosités qui vont faire le buzz lors des visites commentées 

 
Une poupée gonflable pour Andrena : Les intrigantes stratégies des orchidées pour attirer les pollinisateurs 

Dans la nature, l'ingéniosité prend parfois des formes surprenantes. Et parmi les stratégies les plus fascinantes, les orchidées du genre Ophrys ont une stratégie sophistiquée : le leurre sexuel. Leur labelle imite la forme et l'odeur des femelles d'insectes, attirant ainsi les mâles qui tentent de s'accoupler avec la fleur, assurant ainsi la pollinisation. Les insectes sont dupés pour transporter le pollen de fleur en fleur, assurant ainsi la reproduction de l'orchidée. 

 

L’alcoolisme version bees 

L'épipactide pourpre (Epipactis purpurata) une orchidée rare, souvent associée aux environnements forestiers denses. Bien que son statut de conservation varie selon les régions, elle est confrontée à des menaces telles que l'exploitation forestière intensive, qui compromettent sa survie dans certaines zones. Cette orchidée déploie une tactique inhabituelle pour inciter les guêpes à participer à sa pollinisation en exploitant leur penchant pour l'alcool. Son nectar est enrichi en éthanol, une substance alcoolique, induit chez les guêpes un état d'ébriété. Cette ivresse entraîne un relâchement dans le comportement de nettoyage habituel des guêpes, les empêchant de retirer le pollen de leur corps. De plus, les guêpes intoxiquées par l'alcool adoptent des mouvements erratiques, les poussant à visiter un plus grand nombre de fleurs. Cela favorise le transfert du pollen d'une fleur à l'autre, augmentant ainsi la probabilité de pollinisation réussie. De manière intéressante, les guêpes participent à leur propre état d'ébriété en introduisant des microorganismes, tels que des champignons et des bactéries, dans le nectar des orchidées. Ces microorganismes convertissent le sucre du nectar en éthanol, contribuant ainsi à son contenu alcoolique. 

 

Je t’aime moi non plus 

Contrairement à de nombreuses autres cultures fruitières qui dépendent des insectes pour la pollinisation, la pollinisation du pistachier est principalement réalisée par le vent. Les abeilles et autres insectes ne contribuent pas de manière significative à ce processus et peuvent même le perturber. Leur activité peut entraîner une concurrence avec le vent pour le transport du pollen, ce qui diminue la quantité de pollen disponible pour la pollinisation des arbres femelles. De plus, la présence d'abeilles peut perturber la dispersion régulière du pollen dans les vergers de pistachiers, affectant ainsi la fructification et la qualité des fruits. 

 

Sans toi je ne suis plus la même 

Certaines fleurs sauvages, attirent moins les insectes pollinisateurs qu’il y a vingt ou trente ans, car elles deviennent plus petites et produisent moins de nectar. Tel est le constat dressé par une équipe française à propos d’une petite fleur blanche, la pensée des champs (Viola arvensis), qui pousse au milieu des cultures. Si ce phénomène était généralisé, un cercle vicieux pourrait s’instaurer, estiment les auteurs, qui publient leurs résultats le 20 décembre 2023 dans la revue New Phytologist. Le risque, en effet, est d’amplifier le déclin des pollinisateurs, lui-même sans doute à l’origine de cette adaptation végétale. 

 

Et si tu n’existais pas… 

Il existe des abeilles dont la survie est étroitement liées à une plante spécifique ou à une famille de plantes. Par exemple, l'abeille maçonne des murs (Osmia lignaria) est connue pour être un pollinisateur efficace des fleurs de cerisier. Si les cerisiers venaient à disparaître en raison de divers facteurs tels que l’urbanisation ou les maladies, l'abeille maçonne des murs pourrait également être menacée. D'un autre côté, la relation entre les abeilles et les plantes va au-delà de la simple survie individuelle. Les abeilles jouent un rôle crucial dans la reproduction des plantes en transportant le pollen d'une fleur à une autre, favorisant ainsi la fécondation et la production de graines. Sans ce processus de pollinisation, de nombreuses plantes seraient incapables de se reproduire et verraient leur fertilité considérablement réduite. Prenons l'exemple des courges et des cucurbitacées en général, qui dépendent largement des abeilles pour leur pollinisation. Sans l'intervention des abeilles, le rendement en fruits des cultures serait considérablement diminué, compromettant ainsi la production alimentaire et la diversité génétique des plantes. 

 

La plus canon des fleurs 

Les plantes mellifères ont une morphologie qui s’adapte bien à celle des abeilles. 

  • Les étamines sont positionnées sur le chemin du nectar
  • Les stigmates permettent aux abeilles de déposer le pollen recueilli 
  • Les fleurs sont le plus souvent zygomorphes (symétrie bilatérale, comme la fleur de l’orchidée), et plus rarement actinomorphes (symétrie radiale, comme la fleur du geranium robertianum ) 
  • La couleur préférée : bleue ou jaune 

Outre sa morphologie, une plante mellifère tient sa valeur, chez les apiculteurs, de sa capacité à fournir aux abeilles les quatre matières premières nécessaires à la ruche. 

  • nectar : c’est le composant premier du miel 
  • pollen : un ingrédient nécessaire à la production de la gelée royale 
  • propolis : une substance à double usage : mortier et produit anti-infectieux 
  • miellat : il est utilisé pour compléter le nectar. 

Alors, que diriez-vous de devenir un héros du jardinage et de sauver le monde une fleur à la fois ? 

Laissez-vous emporter par ces fascinantes histoires de pollinisation, et rappelez-vous, chaque fleur compte dans cette grande danse de la vie. Et qui sait, peut-être qu'avec un peu de connaissance et beaucoup d'amour pour nos amis pollinisateurs, nous pourrons créer un monde où les abeilles bourdonnent joyeusement pour les siècles à venir.