Il trionfo del Tempo e del Disinganno

Vers où la Beauté doit-elle se diriger ? Vers le Plaisir, qui l’invite à oublier sa finitude – ou vers la vie d’ascèse vantée par le Temps et la Désillusion ? Tel est l’argument au cœur du Trionfo del Tempo e del Disinganno, premier oratorio composé par Handel pour la très catholique Rome en 1707 sur un livret du cardinal Benedetto Pamphili. Si le titre même (« Le Triomphe du Temps et de la Désillusion ») indique l’issue des débats et des luttes entre les quatre personnages allégoriques, c’est le plaisir qui prévaut dans la partition éblouissante du jeune Handel, alors âgé de 21 ans. Virtuose, elle donne déjà à entendre quelques airs dont se retrouveront plus tard des échos dans d’autres œuvres, comme « Lascia la spina, cogli la rosa » (Délaissez l'épine, cueillez la rose)… qui aboutira au célèbre « Lascia ch'io pianga » (Laissez-moi pleurer) dans l'opéra Rinaldo (1711).

Fin connaisseur de Handel, dont il a donné un grand nombre d’œuvres en concert comme sur la scène lyrique, William Christie dirige pour la première fois Il trionfo del Tempo e del Disinganno en intégralité à la tête des Arts Florissants. Pour l’occasion, il s’entoure de quatre jeunes chanteurs exceptionnels, repérés à la Juilliard School de New York ou grâce à l’académie du Jardin des Voix, et qui sauront traduire toute l’intensité et le brio de cet oratorio.